Collectage des récits de vie au Centre Hospitalier de Ponteils (Gard).
LE PROJET
Contexte :
De 2005 à 2008, dans le cadre des programmes culture à l’hôpital, menés au Centre Hospitalier de Ponteils, Chloé Gabrielli, conteuse et auteure, est intervenue auprès des patients et des résidents pour recueillir, mettre en histoire puis en spectacle leurs souvenirs, leurs récits de vie, ou tout simplement leurs pensées du jour.
Parallèlement à ce travail sur la parole, des artistes plasticiens, (Marie Hennechart, Viou Blot, Sophie Masson) ont sensibilisé patients et résidents au geste créatif.
2009, marque le début d’une nouvelle approche, délaissant la création plastique au profit de l’écoute et de l’évocation musicale avec Yann Delannoy, contrebassiste et Frédéric Machemehl flûtiste. Chloé Gabrielli, poursuit ses interventions sur la parole, les pensées et les souvenirs.
2012 : Le programme « voyages » poursuit les explorations des programmes précédents en paroles et en musique et s’ouvre à la peinture et au geste :
Avec Chloé Gabrielli, contes, histoires et récits de vies des patients
Marie Salvat, violoniste
François Perrier violoniste et Tony Margalejo, guitariste
Jérôme Mesnager peintre performer
Ce projet, dans la continuité des projets précédents, ouvre l’hôpital sur l’extérieur et tisse des liens entre les diverses générations ;
*Les familles et les proches des résidents et patients sont systématiquement conviés à participer aux ateliers : invitation par voie postale et affichage
* les élèves de l’école élémentaire de Villefort, sont aussi conviés et profitent de leur venue pour offrir aux patients et résidents.
un chant, un dessin ou tout autre cadeau réalisé suivant l’humeur de la saison,
2008-2009 : conte et contrebasse
Chloé Gabrielli continue à collecter, raconter, transmettre....
Comme depuis quatre ans, la volonté de Lili Masson, l’animatrice du Centre Hospitalier de Ponteils est de garder le lien, favoriser la parole, l’exercice mental et recueillir auprès des résidents de long et moyen séjour, leurs pensées, leurs discours, leurs sentiments, leurs souvenirs relatifs au monde animal.
Pour les guider, pour leur permettre de se souvenir, pour nourrir leur imaginaire, la conteuse Chloé Gabrielli travaille plus précisément sur l’évocation du passé, la place de la musique dan sleur vie, plaisirs ou travail, les bals et autres plaisirs des dimanches,…
Puis la conteuse approche les pensées sous un angle plus poétique ou philosophique avec notamment : « Si j’étais un instrument… ? ».
« Un monde animal » : 2007-2008
Comme depuis trois ans, la volonté de Lili Masson, l’animatrice du Centre Hospitalier de Ponteils est de garder le lien, favoriser la parole, l’exercice mental et recueillir auprès des résidents de long et moyen séjour, leurs pensées, leurs discours, leurs sentiments, leurs souvenirs relatifs au monde animal.
Pour les guider, pour leur permettre de se souvenir, pour nourrir leur imaginaire, la conteuse Chloé Gabrielli travaille plus précisément sur l’évocation d’un passé agricole, sur l’animal compagnon de travail dans les vignes, dans les champs, dans la mine…, et sur les animaux de compagnie. Elle ébauche un inventaire sur la faune sauvage de la région, n’oublie pas les insectes (piqûres, bienfaits, soins,…).
Puis la conteuse approche les pensées sous un angle plus poétique ou philosophique avec notamment : « Si j’étais un animal… ? ».
Les résidents connaissent maintenant bien Chloé Gabrielli, favorisant ainsi les confidences, même intimes.
Toutes ces paroles, tous ces souvenirs, toutes ces émotions, une fois retravaillés, réécrits, réappropriés, sont donnés en spectacle auquel les résidents prennent réellement part pour leur plus grand plaisir de se _ mettre en scène, et pour celui de leurs proches de les voir mis en valeur et encore un peu « debout ».
« Un monde végétal »
2006-2007
« Qui a de la sauge dans son jardin n’a pas besoin du médecin … »
« A la Sainte Catherine, tout prend racine. »
« Il n’existe pas de vieil homme, car on est toujours jeune par rapport à la terre. »
« Ma sœur jumelle était tisanière. Elle allait elle-même chercher les plantes. Elle en buvait chaque soir en mélangeant plusieurs plantes. Mais elle est morte jeune d’un cancer, comme quoi les plantes médicinales… »
Mme Bernard
« Si j’étais une fleur, je serais une fleur en grappe pour rester collée avec mon mari. »
Mme Germaine Farina
« Si j’étais un arbre, j’aurais des oiseaux et j’aurais un porte-plume sur mon portefeuille ! »
M.Privat
« Si j’étais une fleur, je serais une rose, c’est la plus jolie des fleurs donc je suis la plus jolie… »
Chantal
« Gourmandises »
2005-2006
« Les résidents m’ont confié leurs souvenirs salés ou sucrés, ces petits moments de vie, ces souvenirs liés à une personne aimée ou à un événement heureux de leur vie. Ces souvenirs offerts, je les ai écoutés, réécrits et je vous les transmets. »
Antoine : « Bonjour Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs. Bienvenue au Centre Hospitalier de Ponteils pour le spectacle « Gourmandises ». Nous allons vous raconter une histoire faite de milles délices avec Chloé, notre conteuse préférée. Moi, je cuisinais le dimanche, je faisais par exemple, de la paëlla aux escargots. »
C’est vrai, le célèbre Antoine m’a raconté qu’il faisait souvent la cuisine mais que Joséphine sa femme cuisinait bien aussi. Le dimanche, c’est lui qui faisait à manger et le plus souvent, il faisait de la paëlla mais un peu spéciale : de la paëlla aux escargots. Avec une bonne douzaine par personne. Pour un bon repas, il préparait aussi une bonne salade verte, un millefeuille et le café. Sans oublier le pousse-café au rhum.
Les mémoires s’effacent et parfois les mots manquent, mais ils restent toujours ce goût particulier de ce qu’on a tant aimé manger. Il reste cette émotion qui nous submerge à l’odeur d’un gâteau, cette salive qui monte à la bouche quand on se rappelle la douceur du fumet de la confiture qui cuit lentement dans la bassine.
Alors revient parfois devant nos yeux l’image d’une mère ou d’une épouse. Elle réapparaît soudain avec le goût d’un ragoût, d’un civet, d’une friandise de Noël qui fond dans la bouche.
Nous avons tous des émotions et des bribes de souvenirs qui reviennent à nos mémoires quand nous parlons de nourriture, de gourmandises.
Tous ces goûts, tous ces plats ont nourri nos estomacs mais aussi ont réchauffé nos cœurs, ont marqué nos esprits de leur douceur et de leur chaleur.
Ces plats ont nourri nos envies, nos plaisirs, nos moments de détresse ou nos manques : par exemple, Juliette rêve de crêpes Suzette …
Dans un restaurant de Villeneuve les Avignon, il y a un chariot de desserts où l’on peut se servir tant que l’on veut. Elle y est allée avec son fils et elle aimerait tant y retourner…