Formations jeunes conteurs et jeunes conteuses
Former des jeunes-conteurs (écoles, collèges, lycées) avec Chloé Gabrielli
* Chloé Gabrielli travaille dans les écoles maternelles, primaires, collèges et lycées à former les élèves à raconter tout seuls devant un public depuis les années 2000. Il s’agit souvent d’un projet d’école ou d’une classe seulement pour tous les élèves depuis la Moyenne Section jusqu’en Terminale.
* Les intérêts pédagogiques sont multiples ( apprentissage de la langue française, du vocabulaire, de la grammaire, de la syntaxe, de l’éloquence,…) mais il s’agit aussi d’un apprentissage de la confiance en soi, de la prise de parole, de l’écoute de l’autre, de la vie en groupe,…
* Chloé GABRIELLI a mené ces projets dans une 50 aine d’établissements et à former plus de 5000 élèves : elle tient sa technique d’Agnès Chavanon, pionnière dans la formation des enfants à raconter.
* Repères bibliographiques :
• Agnès Chavanon et Chloé Gabrielli : « 10 histoires à écouter et à raconter aux maternelles », Paris 2010, Hachette Education.
• Agnès Chavanon, « Former des enfants conteurs », Livre-CD, Hachette, Paris 1999
* La tradition scolaire française entretient des rapports complexes avec l’oral. L’oral à l’école rend un grand service dans tous les apprentissages, mais on considère plus ou moins qu’il serait dangereux d’en faire une discipline particulière. En effet, on redoute qu’il se produise la même chose que dans la langue locale, c’est à dire une absence de transfert d’une situation d’apprentissage en classe à une situation quotidienne. Il y a donc plusieurs types d’oral correspondant à plusieurs disciplines et plusieurs situations de communication. Depuis une vingtaine d’années, le travail de l’A.M.A.C dont fait partie la conteuse Chloé Gabrielli, se base sur ces réflexions et sur les problématiques liées à l’oral. Dans quelles mesures peut-on développer l’apprentissage de l’oral à l’école ainsi que l’apprentissage précoce des langues étrangères ? Comment accueillir et intégrer dans le groupe classe les primo-arrivants pour qui l’oral est souvent la raison de leur exclusion ? Comment développer les pratiques culturelles et artistiques à l’école ?
La phase initiale de l’oral est évidemment, l’écoute. C’est aussi une belle manière de participer, de s’intégrer au groupe. L’écoute s’apprend petit à petit. C’est pour cette raison que les conteuses de l’A.M.A.C commencent toutes leurs séances de travail par un cadeau : une histoire pour le plaisir de raconter et d’écouter. L’oral et l’écoute sont les éléments clés de l’intégration dans un groupe ; ils sont le vecteur de la création d’un lien social. Lorsqu’on développe les capacités d’écoute individuelle, d’écoute mutuelle et d’écoute collective des enfants, on développe aussi leur capacité à être ensemble et à accepter les particularités de chacun. Travailler avec des enfants autour du conte, et les faire raconter à leur tour, va dans ce sens puisque le moment du conte est un moment qui rassemble. Il arrive aussi parfois qu’un des jeunes conteurs soit soutenu avec une telle ferveur par sa classe, que l’on pourrait avoir l’illusion que la prestation n’est pas individuelle mais collective. C’est justement parce que l’écoute collective resserre le lien social.
Ce lien social permet aussi de constituer ses propres repères pour trouver sa place. Par cet apprentissage par le conte, on apprend à dépasser le regard des autres, à être à l’aise dans la petite société qu’est la classe, pour être ensuite à l’aise dans la grande société.
Mais se servir du conte comme outil d’apprentissage de l’oral ne se limite pas à cette dimension humaine presque civique qui vient d’être évoquée, c’est aussi un outil pédagogique qui permet d’apprendre les techniques et les structures de la langue.
Le travail avec le conte a cet avantage qu’il est (et qu’il doit être) perçu comme un cadeau et comme une activité ludique. Il est donc possible de transmettre un savoir, même lorsqu’il s’agit d’éléments à priori de la langue écrite comme le passé simple.
En effet, le passé simple, c’est le temps du récit et son apprentissage est long et difficile. Mais il faut le faire intégrer doucement par l’enfant, sans que ses erreurs deviennent des embûches. L’enfant va passer par des phases d’invention de forme pour essayer de s’approprier le passé simple, puis petit à petit, il intègre des formes fréquentes du passé simple et peut les utiliser sans se tromper ; le transfert vers l’écrit (autre démarche que celle qui nous concerne) est également facilité.
Un des problèmes que rencontrent également les enfants surtout dans les petites sections, c’est l’étendue du lexique qui est souvent un obstacle à leur compréhension. Il ne s’agit pas de leur faire apprendre des mots par cœur dont ils ne comprennent pas le sens, mais bien qu’ils se les approprient. Dans cette perspective, la technique de la paraphrase permet une appropriation successive.
La première richesse du conte est l’aptitude qu’il donne aux enfants et aux adultes à se créer ses propres images. Il développe l’imagination individuelle et collective au sein de la classe. Ce monde imaginaire se prête très bien à un travail interdisciplinaire.
Le fait de raconter met en scène le corps, la voix, le rythme, d’où l’importance du conteur, de sa personne elle-même. Donc on va insister sur tout cela, quand quelqu’un raconte. Le conte appartient au style oral, et il est important de raconter, sans artifice ; le conte est fait pour être dit. Nous n’utilisons pas de livres pendant les séances de contes.
Le regard a aussi son importance, le conteur s’adresse à un public, et à chacun en particulier ; il est bon parfois de rappeler un enfant qui s’échappe, par un regard, par une phrase que l’on fait répéter, par un rythme.
Ainsi en atelier, l’envie de raconter est suscitée chez les enfants ; ils vont raconter à leur tour ; avoir la parole, c’est être mis en valeur.
Par le conte, on propose quelque chose de très structuré, de rythmique (répétition, passages obligés, repères,…). À leur tour, ils vont repérer, rythmer et pourront se rappeler. Ils vont raconter.
En atelier contes, on travaille la mémoire, on fait des liens. Les enfants vont oser parler, poser des questions….
Dans les contes, il y a quelque chose qui appartient à l’humanité. Les contes ont été transmis oralement à travers les générations ; en racontant des histoires, on remet les enfants en lien avec quelque chose qui existait avant. On retrouve les grands thèmes de la vie : la mort, la séparation, les passages, le temps calendaire (on raconte telle histoire dans telle situation, en lien avec tel événement : le changement des saisons, les fêtes…)
Du fait qu’il touche à l’imaginaire, le conte offre aussi plusieurs entrées, plusieurs significations. Il éveille en chacun des images, des sentiments. Il ouvre à l’imaginaire, au merveilleux.
Par le conte, les enfants seront amenés, à parler, à jouer avec les mots (vires-langue, répétitions, jeux de mots…), à s’exprimer à l’aide des mots.